Comment redresser une frette trop cintrée ? Test et solution DIY

Bonjour à tous,
Une fois n'est pas coutume, je m'attelle à une tâche à laquelle je n'avais pas songé. Et c'est grâce à vos retours que je m'y plonge, car oui, s'il y a bien un avantage à partager certaines choses, surtout celles qui vous passionnent, c'est d'obtenir des avis, des idées et des critiques constructives. J'entends bien par là des critiques qui apportent quelque chose.
Cela vous semble logique, et je vous vois déjà unanimes à légiférer sur le pourquoi du "critiquer sans proposer de solution" à la mode des haters. Mais je vous assure qu'il y en a encore beaucoup qui, planqués derrière leur clavier, se donnent une consistance et un plaisir non mesuré à se justifier d’un ton désinvolte et assumé, armés de leur pouce baissé. Car oui, ce dernier domine toujours, tel un César moderne décidant de qui doit vivre ou mourir dans l'arène du web.
Dans l’article précédent, je vous avais parlé de la fabrication du Fret Bender qui, bien que perfectible, fonctionne parfaitement.
Mais si cintrer des frettes de guitare semble tout à fait réalisable, quel que soit le moyen ou la précision qu'on y accorde, une question se pose : que faire en cas de rayon trop important ?
C’est une question qu'on m’a posée, et qui mérite qu'on s'y attarde quelques instants. Car il est vrai que des frettes pas assez cintrées auront tôt fait de ressortir des bords de votre touche... et d’emmener avec elles vos plus belles vociférations. Je ne parle même pas du fait que vous allez frapper un peu plus fort que d’habitude et rater inévitablement la frette, pour finir lamentablement échoué avec votre marteau sur l’extrémité de votre doigt.
Pardon ? Du vécu ? Tout à fait.
Mais des frettes trop courbées, elles, vous donneront, tels vos épis capillaires (cela ne me concerne plus depuis longtemps, mon crâne étant plus lisse qu’un galet… d’ailleurs, j’évite de m’allonger près des rivières, de peur que ma femme me perde de vue), une envie irrépressible de les coller avec une dose exagérée de cyano. Ce qui, vous en conviendrez, rendrait votre travail aussi désastreux que disgracieux. (Non, je ne parle plus de vos épis capillaires, je ne me le permettrai pas... arf).
Alors, après cette constatation évidente du potentiel désastre qui nous guette, sommes-nous perdus, errant dans un méandre apocalyptique à la recherche d’une lumière salvatrice ? Serons-nous en mesure de relever la tête et de tenter une expérience qui fera de nous des hommes libres ? Prêts à affronter tempêtes et bourrasques causées par nos pertes de temps et nos multiples tentatives échouées ?
OUI !! Je vous le dis, mes amis : rien n’est perdu !!!
Actuellement en pleine réflexion et en phase de tests, je vais user de la technique virtuelle pour représenter un peu ma pensée via la conception 3D.
L’idée : détordre la frette
Pour cela, il nous faut :
✔️ Un socle droit, muni d’un interstice pas trop étroit, sinon la frette se coincera dedans comme sur la touche, et l’effet recherché sera faussé.
✔️ Une rainure de 1 mm de large et 2 mm de profondeur, suffisant pour éviter que la frette se bloque sans réellement se redresser (comme la France).
Le socle fait 20 × 20 mm, assez pour être maintenu facilement dans un étau. Il doit être suffisamment résistant pour ne pas céder sous la pression.
Calcul de la force appliquée
Pour estimer la force nécessaire, j’ai fait quelques recherches et trouvé cette formule :
"Une perceuse à colonne standard a généralement un bras de levier de 20 à 30 cm.
Si l’on applique une force de 10 à 15 kg (soit environ 100-150 N) sur le levier, et que la transmission par crémaillère multiplie cette force par un facteur de 5 à 10, alors la force appliquée en bout de foret sera environ :"
F_forêt = F_main × rapport de transmission
Si l’on prend :
✔️ F_main ≈ 100 N (10 kg)
✔️ Rapport de transmission ≈ 5 à 10
Alors, la force en bout du foret est estimée entre 500 N et 1000 N (soit environ 50 à 100 kg de pression).
Si quelqu’un veut déverser sa science, je suis preneur… mais dans le respect.
Et surtout, pas besoin de débarquer avec une presse manuelle d’1 tonne pour exploser le dispositif et s’esclaffer :
"Hey, c’est de la merde ton truc !!"
On vous aura prévenu.
Bon, la théorie, c'est bien beau, mais la pratique, c'est une autre paire de manches. Surtout que là, c'était couru d'avance : pour détordre une frette (ou tout autre objet), il va de soi qu'il faut appliquer autant de force que celle qui a servi à la tordre. La torsion ayant agi sur l’objet, celui-ci reste sous tension.
Pour être plus précis, ce n'est même pas une question de force, mais plutôt une question d’amplitude. On voit bien que lorsque j’appuie avec mes doigts, la frette s’enfonce, mais elle agit comme un ressort et revient dans sa forme initiale. D’où l'importance, par ailleurs, de prévoir une largeur de fente plus grande, comme cité plus haut.
Dans ce cas, je vais créer un rayon inverse pour creuser la pièce et ainsi casser la tension existante. Par contre, je ne sais pas encore quel rayon appliquer, mais ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas envie de me replonger dans des calculs fastidieux où je ne comprendrais que la moitié de ce que je lirais.
Donc, les essais vont être empiriques !
Et de toute façon, le but n’est pas de rendre la frette parfaitement droite, puisque nous allons ensuite lui redonner un rayon. Pour ainsi dire, on pourrait presque se contenter de ce qu’on a déjà obtenu.
Edit du 10/03/25
Me revoilà sur cette affaire ! J’ai donc creusé le socle pour offrir une plus grande amplitude à la frette tordue. La fente est désormais plus profonde, et pour le rayon, j’ai pris la valeur standard de 7.25' (soit 184.14 mm), ce qui offrira plus de débattement.
Vous l’aurez compris, il faut maintenant l’outil qui va venir écraser cette maudite frette une bonne fois pour toutes ! Si vous possédez un fret press avec une cale adaptée, vous êtes sauvé : il suffit de placer la pièce dans l’outil, puis d’utiliser une perceuse à colonne ou une presse manuelle. Sinon, pas de panique ! J’ai fabriqué mon propre fret press, très pratique et bien pensé.
J’avoue que pour la conception, je ne me suis pas trop embêté : j’ai repris un design que l’on trouve dans le commerce. Mais en même temps, la forme a son importance ! Le parallélépipède au sommet, juste sous le porte-mandrin, n’est pas là par hasard : il répartit la force d’appui. Sans cela, la pression serait exercée uniquement au centre, et la frette risquerait d’être mal insérée dans la touche.
Ensuite, il faut produire une cale avec un rayon inversé, plus précisément un rayon convexe identique à celui du socle (7.25’). Toute cette conception virtuelle sera bien sûr imprimée en 3D.
Mais alors, est-ce que ce sera assez solide ? ?
Il faut savoir que l’impression 3D est généralement très rigide. Cependant, elle a ses limites lorsqu’elle est soumise à des contraintes mécaniques importantes. Tout dépendra aussi de la complexité de la pièce et du remplissage de la structure, qui joue un rôle clé dans la résistance finale.
Edit du 11/03/25
Voila de quoi il retourne, meme si vous l'aviez déjà tous compris, la cale inversée puis dans son outil et enfin les schémas d'écrasement
À noter que les cales à venir seront compatibles avec le fret press actuellement disponible sur la boutique.
Alors, comme je disais plus haut, la théorie, les images, le bla-bla, c'est beau, c'est propre...
Mais est-ce que ça fonctionne ?
Est-ce que cet outil va concrétiser cette envie irrépressible de faire mordre la poussière à cette frette rebelle, dont le seul objectif était de nous plonger dans ces atroces souffrances de contradiction et de réactions éruptives, au point de nous faire exploser le sang par les narines ?! ??
Edit du 15/03
Non, je ne vous avais pas oubliés ! J'ai donc imprimé l'outil et force est de constater que je suis assez content du résultat. Malgré sa forme et ses divers angles prononcés, l'impression s'est déroulée au-delà de mes espérances. La texture est sans défaut apparent et sacrément lisse, une belle pièce qui n'a rien à envier à celles produites en injection plastique.
Pour commencer cet essai, il nous faut : le socle, le fret press avec la cale convexe et bien sûr, une frette précoupée avec son rayon trop important (enfin, il paraît).
Une fois monté dans le mandrin, l’outil paraît large et robuste. Un simple serrage manuel suffit à le maintenir, et la cale se fixe avec de petites vis sans tête BTR. Inutile de serrer comme un forcené : un tour suffit largement. Je sais que je répète souvent qu’il ne faut pas forcer, mais c’est un réflexe humain de toujours vouloir tout serrer à bloc, histoire d’être sûr que rien ne s’envole. Comme si, au cas où, des ailes poussaient aux vis sans tête, nous obligeant à les poursuivre à travers l’atelier. Ces vis, qui ne veulent jamais se poser, telles des monarques virevoltant au gré du vent sans trajectoire précise, disparaissant dans des buissons ou des herbes hautes, nous ôtant tout espoir de les rattraper un jour…
Qu’il n’y ait pas de malentendu : bien que je vous respecte énormément, quand je parlais de "monarque", je faisais référence au papillon du même nom, pas à votre potentielle royauté imaginaire. Le château de Walt Disney est à Paris, pas à Villars-les-Dombes.
Une fois en place, il suffit d’abaisser le levier de votre perceuse ou presse, suivant le résultat escompté. Une simplicité déconcertante !
Nous voici arrivés au bout de notre démarche pour redresser les frettes trop cintrées ou simplement mal ajustées. J’avais quelques doutes sur la résistance d’un tel outil en plastique, mais il est clairement taillé pour. En fait, je trouve même que les modèles en acier ou en alliage sont parfois "trop" robustes pour leur utilité. Certes, le métal apporte du poids, souvent synonyme de qualité, mais à bien y réfléchir, ce n’est pas toujours nécessaire pour atteindre l’objectif recherché.
Bref, vous pourrez bientôt retrouver cet outil sur notre boutique et, étant donné son efficacité, vous ne tarderez sans doute pas à voir apparaître une version avec des cales concaves pour cintrer les frettes aux bons rayons.
Merci de m’avoir lu et à bientôt sur LVSublim.com !
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