Squier Sonic Telecaster : Une Bonne Affaire pas que pour jouer
Amis de la guitare,
Encore une ! Eh oui, une de plus qui rejoint la famille Fender : la Squier Sonic Telecaster.
Je vais être bref sur le sujet, car je ne vais pas ajouter une énième revue sur cette guitare. Vous pouvez la trouver depuis un certain temps sur internet sous toutes ses facettes. Cependant, cela ne m'empêche pas, puisque c'est le but, de partager mon expérience, mais pas à n'importe quelle fin.
La bête
En effet, j'ai acheté cette guitare, non pas parce qu'elle me plaisait particulièrement (même si elle est tout à fait à mon goût), mais j'avais besoin d'un support pour présenter mes produits. Et avouons-le, au vu de son prix, elle m'a paru être le bon choix pour parvenir à mes fins.
Il est en effet difficile de trouver un tel support neuf pour un peu moins de 200 € !
En réalité, elle se présente plutôt bien, cette petite. C’est une Telecaster dans toute sa splendeur, avec un niveau de finition tout à fait honorable pour son prix, que la plupart des professionnels n'atteindraient pas, compte tenu de sa production de masse.
Je vais être concis dans sa description, puisque, comme mentionné plus haut, vous pouvez la trouver partout. De plus, mon but n'est pas de la vendre, donc inutile de lui cirer les pompes. En revanche, je vais simplement vous donner quelques infos, car j'ai dû démonter la guitare pour en extraire l'essentiel, c'est-à-dire le corps, que j'utilise comme support.
Au commencement était...
En la sortant du carton par le manche, j’ai immédiatement perçu que le niveau de finition correspondait au prix. Bien que les frettes ne soient pas d'une qualité exceptionnelle (elles manquent du fameux coup de lime dans les angles pour parfaire le travail), le bois est clair et sans défauts, du moins sur mon modèle, et je le trouve globalement de bonne qualité.
On remarque aussi que les fabricants ne se sont pas fatigués à remplir les interstices des pieds de frette avec du copeau d’érable. Un petit coup de pâte à bois ou autre produit suffira. La lutherie fine n’est pas au programme pour cette demoiselle. Le profil du manche est fin et parfait pour moi. Je n’en dirai pas plus, car cela reste une question de goût. Mais dans tous les cas, l'usinage est bien exécuté.
Sur la mécanique, se trouve une étiquette avec les noms de deux opérateurs tamponnés : Nico et Tony. Il va falloir m'expliquer lequel des deux n'a pas serré les mécaniques comme il le fallait. En effet, j'ai pu enlever les écrous avec les doigts. L'accordage n’était pas fait, mais en toute honnêteté, elle a sûrement traversé l'océan plusieurs fois, alors ne soyons pas trop exigeants. Cela dit, il aurait été préférable de mettre le manche sous tension pour éviter tout risque de déformation à cause d’un truss un peu trop serré… mais ce n’est pas le cas, donc tout va bien.
Je ne comptais pas jouer dessus, mais c'est ma première Squier et, vu les éloges que j’en ai lues, je me suis laissé tenter et ai joué quelques notes. Une fois réglée, le confort est là, mais les micros manquent clairement de punch. Bref, je vais m'arrêter là. Allez voir sur YouTube, vous trouverez une multitude de tests sur la jouabilité et autres thèmes liés à ce que vous recherchez. Je vous sais assez intelligents pour ne pas vous laisser embobiner par une vidéo commerciale où le testeur a dû « baisser son froc » pour obtenir la guitare gratuite (arf).
On continue ?
Après cette petite remarque, je m'attaque à démonter le manche. J'y découvre la plaque classique gravée "Squier" et quatre vis chromées pour la fixer. À première vue, une des vis n’est pas identique au niveau du pas de filetage. Rien de grave, mais il faudra remettre la vis dans l’orifice correspondant pour éviter un maintien insuffisant du manche.
Quand je regarde de plus près le manche, je reste impressionné par les solutions utilisées pour fabriquer cette guitare à coût réduit. Les repères de touche et la marque "Squier" sur la tête semblent avoir été réalisés de manière identique. Est-ce de l'encre ou une matière incrustée ? Je pense qu'il s'agit d'encre, car l'incrustation coûterait plus cher en fabrication. Si vous connaissez la réponse, partagez-la dans les commentaires. On peut aussi noter un léger creux au niveau des repères sur la touche, comme si ces derniers avaient été poncés après le frettage. Je n'arrive pas à expliquer ce phénomène, à moins que, comme je le suppose pour l'encre, cela ait été ajouté après coup. Une fois sèche, chaque case aurait été nivelée de manière plus ou moins uniforme. Et malheureusement, c'est souvent la « moins belle » méthode qui est utilisée.
Move your body baby !
Je continue le démontage avec le pickguard blanc en ABS, compatible et quasi-identique à celui d'une version américaine. Les trous de fixation conservent les mêmes emplacements, mais une plaque américaine laissera un petit espace d'environ 1,5-2 mm entre les deux plaques. Plus précisément, c'est principalement cette plaque qui diffère des modèles "standard", elle est plus étroite et un poil plus longue, donc le pickguard est usiné en adéquation. Mis à part cette différence, la plaque fera des heureux, et moi aussi, cela m'évite de devoir copier un nouveau pickguard. Ah, je vois déjà certains s’offusquer : « Comment ça, il copie, il ose ! » Pour ceux-là, je vous invite à jeter un œil chez nos amis chinois et nous en rediscuterons ensuite.
Pour résumé:
Si vous gardez la plaque de contrôle, un pickguard Américain s'adapte en laissant un espace. Si vous changez la plaque de contrôle vous ne pourrez pas garder le pickguard original (a moins de le modifier) mais ça ira avec un pickguard Américain mais toujours avec un espace.
Question: Alors dans ce cas pourquoi ne pas usiner un pickguard adapté à la plaque de contrôle vu que je ne compte pas la changer ? Je vais y réfléchir, mais disons, que pour le moment, il est bon de connaitre que certaines pièces existantes peuvent s'adapter.
Bref, cela dit, une fois le pickguard enlevé, on peut admirer un usinage net et précis, fait dans les règles de l'art. Je ne ferais pas mieux, et personne, avec une machine bien réglée, ne peut prétendre à mieux. J'avais oublié de parler de la peinture du corps, mais c'est un fini miroir. Cela peut sembler un peu « standard », mais obtenir un tel résultat n’est pas donné à tout le monde.
Le fond de la cavité, qui est évidée pour pouvoir loger différentes configurations de micros, présente une réaction chimique inquiétante. En effet, ce genre de veine ou d'artère est le signe d’un produit qui ne s’est pas bien mélangé.
Quelques défauts sont visibles à certains endroits, notamment des traces du pickguard installé sur le vernis. Peut-être que celui-ci n’était pas assez sec lors de son installation ?
Ce n'est d'ailleurs pas ce qui m’a le plus étonné. Le moment le plus surprenant, c'est quand j'ai décidé, pour une raison inconnue, de fourrer mon doigt dans l'oignon… hihi ! Oui, dans la cavité de la plaque jack. J’en ai ressorti une sorte de pâte à bois en poudre, entre la poussière et le mastic.
Je pense qu'un bon coup de soufflette n'aurait pas été de trop ! Je découvre aussi de ce produit, dans la cavité de la plaque de contrôle.
Pour finir
Pour conclure avec cette guitare, en tant que luthier, je reconnais que personne ne peut lutter dans ce secteur de marché. Des guitares de plus en plus abordables, des ouvriers qui travaillent pour des salaires dérisoires mais ultra-performants, respectant scrupuleusement le cahier des charges… Bref, je suis l'exemple même du résultat de cette industrie. Tellement peu cher que j’ai acheté un instrument de musique… pour ne pas en jouer !